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CRÉATIONS

Rodolphe Alma

►La Fourmi

Pour basson, xylophone, vibraphone, clavecin et voix d’enfants

►Section

Pour clarinette, violoncelle, piano et voix soprano

►Veole

Pour flûte, violon, alto et violoncelle

Pascal Lorenzini
►L’ENVOL DU PHENIX

Pour flûte, clarinette basse, violon, alto, piano et percussions

La Nouvelle « Tel le Phénix » met particulièrement en exergue la dualité amour/haine en tant qu’élément structurant de l’être humain. L’humanité porte en elle sa capacité d’autodestruction (exacerbation de la haine) tout en ayant le pouvoir de se reconstruire et d’aller de l’avant (magie de l’amour). J’ai conçu ma pièce comme un voyage musical autour de cette ambivalence.
Ce voyage débute par la représentation de l’aube après un chaos. Le paysage sonore s’ouvre sur une longue pédale d’où émerge une ligne mélodique aux rythmes irréguliers et souples au piano. Vient s’y superposer une mélodie dépouillée à la flûte, rejointe par la clarinette.
Le timbre particulier de celle-ci évoque ensuite une plainte, parsemée de quart de tons, dont l’atmosphère est rendue oppressante par un ostinato des cordes dans le suraigu : réveil douloureux de l’humanité, qui a du mal à se relever, de l’ange accablé par ce spectacle de désolation ?
Le tempo devient peu à peu plus rapide, le retour à la vie se faisant progressivement plus dynamique. Un élément thématique, trouvant racine dans l’ostinato de la plainte, y est développé. Il apparaît d’abord flou et mystérieux (grâce entre autres à l’utilisation d’harmonizers) puis revient en rétrograde sous forme de Klangfarben Melodie. Nous nous acheminons vers un climax figurant un cataclysme (polyrythmie vibraphone/piano sur fond stressant de demi-tons aux cordes dans l’aigu, son fendu et dents sur anche à la clarinette, flatterzunge de flûte dans l’extrême aigu, clusters dans l’extrême grave du piano, …)
Le cycle recommence avec une nouvelle aube, toujours dans l’atmosphère trouble et ambivalente du début, puis les éléments de la vie et de ses combats réapparaissent sous forme variée. Mais, au lieu de déboucher sur le climax précédent, nous parvenons à une phrase restant en suspension, comme une question.
Cette question, tirée du texte de la Nouvelle (« si tu es la haine, je suis l’amour ? ») trouve sa réponse dans la dernière partie de la pièce : les éléments musicaux de l’aube initiale y sont repris mais transfigurés, de façon à nous attirer peu à peu vers la lumière et, comme un symbole de réconciliation, ils y sont à plusieurs reprises juxtaposés et superposés. Ainsi, aucun doute ne subsiste quant au message positif sur lequel la pièce se termine, message d’amour.

►SWEET BURNING

Pour saxophone alto et percussions

L’idée de cette pièce m’est venue suite aux feux de forêts géants qui ont dévasté l’Australie il y a quelques mois. J’ai voulu mettre en exergue comment l’inconséquence de l’Homme pouvait mener à une telle situation : d’où le titre ‘’Sweet Burning Home’’, la ‘’douce maison’’ dans laquelle notre vie confortable se déroule brûlant sous nos yeux ayant trop longtemps regardé ailleurs.
La pièce est en trois parties qui s’enchaînent sans interruption. La première constitue un prélude, basé sur une légende aborigène. Le saxophone et les percussions font leur entrée sur des sons de didgeridoo retravaillés avec le logiciel Logic. Des sons mimant la faune australienne se font entendre pendant que la vidéo s’articule autour de peintures rupestres, témoins de la présence des premiers habitants de cette île continent.
La seconde, plus animée, est annoncée par des multiphoniques du saxophone soutenus à la percussion et par des crépitements et sons distordus sur la bande. Nous entrons ainsi de plein pied dans les incendies et la tension qu’ils génèrent. Le saxophone y enchaîne des traits staccato auquel un vibraphone répond. Quelques citations du roman de Jean Giono ‘’Colline’’, où le feu est comparé à une bête, font écho à la musique.
La troisième partie est quant à elle lente. Elle développe selon un procédé d’augmentation des éléments thématiques de la première. Le saxophone y déroule une mélodie descendant petit à petit vers le grave. La bande donne à entendre des sons de gongs retraitées avec Logic qui, en synergie avec les instruments acoustiques, dépeignent à la fois la désolation faisant suite aux incendies et l’amertume due au constat résultant de la culpabilité doublée de l’impuissance de l’Homme face à la situation.

►STRANGE MEETING WITH EVA 

Pour voix soprano et hautbois/cor anglais

Cette œuvre a été réalisée dans le cadre d’une exposition consacrée à l’artiste plasticienne Eva Aeppli (19252015), organisée en 2022 par le Centre Pompidou, Metz (France). Elle a donc
été
conçue pour être jouée dans la salle d’exposition en présence de visiteurs et ne devrait pas comprendre plus de deux musiciens pour des raisons de place disponible. Cependant, je
voulais
qu’elle fasse écho aux œuvres de l’artiste non seulement dans le cadre strict de l’exposition, mais qu’elle reste cohérente avec leur esprit dans un sens plus large. Et donc, faire
sens
en tant que tel.

Eva Aeppli a grandi à Bâle, en Suisse. La période de la Seconde Guerre mondiale marquera durablement le jeune artiste qui suivra avec angoisse la progression des nazis à travers l’Europe. Cette expérience traumatisante est à l’origine de son militantisme inébranlable, incarné en 1968 par l’installation qu’elle réalise en hommage à Amnesty International, puis par la création de sa propre fondation, pour combattre l’oppression, la pauvreté et l’ignorance. L’être humain et l’universalité de la condition humaine sont le constant dénominateur commun de ses créations. Si ses premiers autoportraits révèlent les sentiments personnels de l’artiste, les émotions inspirées par le monde extérieur s’expriment par la suite dans de grandes compositions à l’huile. Décrites par l’artiste comme de véritables « prolongements de ses tableaux », les premières figurines en tissu réalisées dans les années 1960 succèdent aux toiles.
Chacune,
avec ses cris silencieux saisissants, ses traits simples mais très expressifs, ses cicatrices formées par des coutures, inonde le spectateur de sentiments ambivalents. Ces sculptures en tissu à taille humaine ont ensuite été réunies dans de grandes installations, comme Les Sept Juges, sept sculptures assises en enfilade, représentant ceux qui ont jugé les
crimes
contre l’humanité. Dans l’une de ses œuvres majeures, treize personnages sont assis autour d’une table, rappelant La Cène de Léonard de Vinci, la figure du Christ est
remplacée
par celle de la Mort “pour représenter les crimes qui ont été commis au XXe siècle”, comme elle l’écrit dans une lettre envoyée à un étudiant en 1999.

Le titre de mon œuvre vient à la fois des sentiments ambivalents que m’a laissé ma première visite de l’exposition, étrange rencontre en effet, et du poème Strange Meeting de Wilfred Owen, repris par Benjamin Britten dans son War Requiem. Le texte chanté dans mon œuvre est en effet en partie composé de ma propre traduction française du poème d’Owen. On le retrouve au cœur de la première partie très tourmentée. Cette rencontre imaginaire, outretombe, entre un soldat britannique et un soldat allemand, le second ayant tué le premier au combat, m’a semblé correspondre parfaitement à l’esprit des œuvres d’Eva Aeppli.

Mais Eva Aeppli était aussi connue pour être joyeuse dans son cercle d’amis. Ainsi, le texte de la seconde partie de l’ouvrage est celui du Chant d’Espoir, écrit en mars 1944, dans le camp
de
Mauthausen, par le poète Jean Cayrol, éveillé à son art dans le mouvement surréaliste. La chanson n’évoque pas directement le camp, et même elle nous en cache la réalité.
L’essentiel
du texte désigne un ailleurs hospitalier, idyllique, comme si le poète était engagé dans un “rassemblement de rêves”. encore, cette ambivalence résonne avec l’œuvre d’Eva Aeppli.

Que ce soit dans la première moitié de mon œuvre, un long récitatif, ou dans la seconde, qui adopte une forme strophique couplet/refrain, en lien avec le poème de Cayrol, le timbre du
hautbois,
puis du cor anglais, et celui de la voix de soprano se répondent en contrepoint ou se combinent en hétérophonie.

Avec mes profonds remerciements aux créateurs et dédicataires de l’œuvre : MaryLee Jacquier (soprano) et Serge Haerrig (hautbois/cor anglais)

Eric Rebmeister
►LIGNE 

Pour violon

►TOCCATA

Pour piano

►TRAVERSIER

Pour traverso, flûte et percussions (vemes)